Ça me rappelle la blague : les mecs sont contre les filles, c’est-à-dire tout contre…

Normalement, nous devrions être catastrophés : le gouvernement mobilise les forces militaires antiterroristes contre des manifestants, des manifestants mobilisés contre les fins de mois difficiles, qui apportent de la lumière jaune sur les plaies sociales, et qui, simplement, demandent une juste contrepartie au travail.

Normalement, je devrais m’enflammer, car je ne vois pas de précédent, même en 1968 : nous sommes donc renvoyés à Alger en 1958 ?…

Sauf que bien entendu, tout cela est bidon.

Les pauvres militaires, de l’armée de métier, sont confirmés comme gimmicks de communication d’un gouvernement dépassé.

L’humiliation est pour notre ordre républicain, quand les troupes militaires antiterroristes sont appelées pour réprimer le social. Mes meilleures pensées à nos amis manifestants algériens.

Elle l’est aussi pour les policiers et les gendarmes, que le gouvernement qualifie de dépassés et d’incompétents.

Elle l’est pour nos soldats, qui ont tellement mieux à faire…

Le plaisantin du jour s’appelle Griveaux Benjamin, chargé de com’ du gouvernement : « Nous ne pouvons pas laisser une infime minorité violente abîmer notre pays et détériorer l’image de la France à l’étranger ». Les troupes antiterroristes pour défendre l’image de la France. No comment.

Interrogé par Le Figaro, le colonel Guillaume Thomas explique que les soldats garderont leurs prérogatives habituelles : « Les Sentinelles ne sont ni formés, ni équipés pour le maintien de l’ordre. Leur mission reste la même, c’est-à-dire d’intervenir dans le cadre antiterroriste pour protéger la population française ou un site sensible ». Donc, on canarde, ou rien.

Et bien sûr, ce sera rien. Plusieurs milliers de policiers, de gendarmes et de « sentinelles » vont être mobilisés ce samedi autour des Champs-Élysées, alors qu’il est certain qu’il ne s’y passera rien. Les gilets jaunes seront ailleurs, ou à la maison en attendant que l’hystérie se calme.

Au passage, je note qu’il y avait mardi 350 000 manifestants CGT et FO, dans une manifestation déterminée, pacifique et organisée, pour défendre les salaires et les retraites. Mais pas de violences. Donc il n’y avait aucune raison d’en parler.

Seule la violence fait bouger le gouvernement, et franchement, ça me fait flipper… Les partis sont par terre, heureusement, il nous reste les syndicats.

19 mars 2019