Le 18 avril, le préfet de Seine-Saint-Denis a adressé à son supérieur, le préfet de région Île-de-France un mail qui en dit long sur les réalités sociales en France. Problème, un petit malin a transféré le mail au Canard enchaîné, qui a publié le 22 avril ce tableau cru de la vraie vie de la 6eme puissance économique du monde.

« Nous comptons entre 15.000 et 20.000 personnes qui, entre les bidonvilles, les hébergements d’urgence et les foyers de travailleurs migrants, vont avoir du mal à se nourrir. L’économie souterraine, de rapine, l’uber-économie et l’effondrement de l’intérim ont provoqué une baisse importante et brutale des revenus des précaires de Seine-Saint-Denis. Ce qui était jouable sur un mois de confinement ne le sera pas sur deux ».

Le préfet explique le système de bons alimentaires, à hauteur de 7 euros par jour et par personne au plus précaires, mais ça coince sévèrement : « À chaque vague, nous ne pouvons distribuer les tickets, pour quinze jours, qu’à 9.500 personnes, quand il faudrait en nourrir de 15.000 à 20.000 ».

Le 24, le maire de La Courneuve, Gilles Poux (PC), parlait des mêmes réalités : « Nous ne sommes pas à l’abri d’une explosion. La petite économie qui permet aux familles de garder la tête légèrement hors de l’eau s’est effondrée. Je parle de l’intérim, de l’aide à domicile, des coups de main à droite à gauche, des petits boulots pas forcément déclarés. Toutes ces petites ressources ont complètement disparu ».

Ajoutons  le marché de la drogue, le grand agent social des quartiers en rupture, soit deux milliards d’euros de chiffre d’affaires par an en France.

A nouveau cette sidérante imprévision… et cette absence de réactivité. La Caisse nationale d’allocations familiales annonce un plan national, à destination les ménages les plus démunis, soit les personnes percevant le revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), ou de l’allocation adulte handicapé (AAH). Toutes les familles bénéficiaires de l’APL qui ne perçoivent pas le RSA ou l’ASS bénéficieront d’une aide de 100 euros par enfant à charge. On parle de 4,1 millions de foyers, sans doute 15 à 20 millions de personnes. Il y aura un versement, à hauteur de 150€ par foyer et 100 € par enfant à charge. Pour un couple avec deux enfants, c’est 450 €. Le 15 mai.