L’accès au droit par le recours en justice
Spécial Ukraine

En musique avec Sophie Alour

Un sublime concert enregistré au festival Jazz sous les Pommiers à Coutances de 2019 avec Sophie Alour au saxophone et à la flûte, qui voyage vers les contrées orientales avec Mohamed Abozékry à l’oud, Philippe Aerts à la contrebasse, Damien Argentieri au piano Donald Kontamanou  à la batterie, Wassim Halal à la derbouka et au bendir.

SPECIAL UKRAINE

LA PAROLE EST À L’ACCUSÉ

L’utilisation de la force armée russe contre l’Ukraine et l’envahissement du territoire dans le but affiché de renverser le régime, constitue une violation des principes fondamentaux du droit international. Comme le rappelle le Professeur Pellet dans une lettre du 23 février 2022 , « le droit international ne reconnaît la licéité du recours à la force armée qu’en cas de légitime défense en réponse à une agression armée (article 51 de la Charte des Nations Unies), ou en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité prise en vertu du chapitre VII de cette même Charte ».

D’accord, mais il faut poursuivre la réflexion, et voici quatre documents.

Vladimir Poutine

Il est du premier intérêt que de lire et étudier le discours de Vladimir Poutine du 24 février. La presse s’est empresser de psychiatriser ce texte qualifié de délirant et paranoïaque, mais il était plus difficile de trouver le texte en question. Vous le trouverez en intégralité, et je recommande une lecture attentive. Une lecture attentive et critique d’une publication qui ne se retrouve pas que dans les réseaux de la propagande, vu qu’elle est sur le site du Conseil de Sécurité de l’ONU. Ce texte pose la question de l’affaiblissement du droit international par le double standard, vaste sujet.

François Hollande

Je publie ensuite un discours de François Hollande du 8 avril 2008. Il était alors député d’opposition et premier secrétaire du PS, et il soutenait une motion de censure contre la décision de Sarkozy de réintégration de la France sein de l’OTAN, A l’époque, il était clair : « L’OTAN devient le bras armé d’un bloc occidental dont la mission principale est de défendre partout ses valeurs. Une sorte de substitut à l’ONU permettant aux Etats-Unis de ne pas agir seuls. Cette dérive avait été, jusque-là, rejetée par la France hostile à l’idée d’un gendarme d’un monde occidental bien-pensant ». La Gauche institutionnelle a donc changé à 100 % sur l’OTAN – comme sur tant d’autres sujets – mais pour ma part, je garde l’analyse de l’époque.

Jens Stoltenberg

Le troisième document est le point de presse commun par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN) avec le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelenskyy, le 16 décembre 2021. Pour mémoire, depuis 1999, l’OTAN a accueilli la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Albanie, la Croatie, le Monténégro et la Macédoine du Nord. L’OTAN est passé de 16 à 30 pays, avec une série de bases militaires US, et les armes bien dirigées sur la Russie, c’est un fait.

33 ONG contre le racisme anti-noir

L’abomination dans les horreurs de la guerre… L’affichage serein d’un racisme affiché contre les Africains, bloqués à la frontière ukrainienne. Du jamais vu en Europe. Et en France, la précipitation pour accueillir ces réfugiés blonds, avec une prime au député Bourlanges expliquant que les Ukrainiens constitueraient en France une «immigration de grande qualité, dont on pourra tirer profit».

I
LE DISCOURS DE POUTINE
DU 24 FÉVRIER 2022

Vous trouverez ci-dessous une excellente traduction issue du site de la Revue Politique et Parlementaire, avec le texte original en anglais http://kremlin.ru/events/president/news/67843

Chers citoyens de Russie ! Chers amis !

Aujourd’hui, je pense qu’il est à nouveau nécessaire de revenir sur les événements tragiques qui se déroulent dans le Donbass et sur les questions essentielles pour assurer la sécurité de la Russie même.

Je commencerai par ce que j’ai dit dans mon discours du 21 février de cette année. Je parle de quelque chose qui nous préoccupe particulièrement, des menaces fondamentales qui, d’années en années, étape par étape, sont créées de manière flagrante et sans cérémonie, année après année, par des politiciens irresponsables de l’Ouest contre notre pays. Je fais référence à l’expansion du bloc de l’OTAN vers l’Est, qui rapproche son infrastructure militaire des frontières de la Russie.

Il est bien connu que, depuis 30 ans, nous essayons avec constance et patience de parvenir à un accord avec les principaux pays de l’OTAN sur les principes d’une sécurité égale et indivisible en Europe. En réponse à nos propositions, nous nous sommes constamment heurtés soit à des tromperies et à des mensonges cyniques, soit à des tentatives de pression et de chantage, alors que dans le même, l’Alliance de l’Atlantique Nord, malgré toutes nos protestations et nos préoccupations, ne cesse de s’étendre. La machine de guerre est en marche et, je le répète, s’approche au plus près de nos frontières.

Pourquoi tout cela arrive-t-il ? Pourquoi cette façon insolente de [nous] parler depuis une position d’exclusivité, d’infaillibilité et de permissivité ? D’où vient cette attitude indifférente et dédaigneuse à l’égard de nos intérêts et de nos demandes parfaitement légitimes ?

La réponse est claire, [pour nous] tout est clair et évident. L’Union soviétique s’est affaiblie à la fin des années 1980 avant de s’effondrer complètement. Toute la suite des événements qui se sont alors déroulés est aujourd’hui une bonne leçon pour nous ; elle a montré de manière convaincante que la paralysie du pouvoir et de la volonté est le premier pas vers une dégradation total et une disparition complète. Il a suffi que nous perdions un temps notre confiance, et voilà le résultat, , l’équilibre des forces dans le monde a été rompu.

Cela a conduit au fait que les traités et les accords précédents, ne sont plus dans les faits appliqués. Les tentatives de persuasion et les demandes ne servent à rien. Tout ce qui ne convient pas aux Puissants, à ceux qui ont le pouvoir, est déclaré archaïque, obsolète et inutile. Et vice versa : tout ce qui leur semble avantageux est présenté comme la vérité ultime, à faire passer à tout prix, sans ménagement, par tous les moyens. Les contradicteurs sont brisés.

Ce dont je parle maintenant ne concerne pas seulement la Russie, et ces préoccupations ne sont pas seulement les nôtres. Cela concerne l’ensemble du système des relations internationales, et parfois même les alliés des États-Unis eux-mêmes. Après l’effondrement de l’URSS, une redistribution du monde a effectivement commencé, et les normes établies du droit international – et les principales, fondamentales – adoptées à la fin de la Seconde Guerre mondiale et ont largement consolidé ses résultats – ont commencé à gêner ceux qui se sont déclarés vainqueurs de la guerre froide.

Bien sûr, dans la vie pratique, dans les relations internationales et dans les règles qui les régissent, il faut tenir compte des changements de la situation mondiale et de l’équilibre des forces. Toutefois, cela devait être fait de manière professionnelle, sans heurts, avec patience, en tenant compte et en respectant les intérêts de tous les pays et en comprenant sa propre responsabilité. Mais non – un état d’euphorie né de leur supériorité absolue, une sorte d’absolutisme moderne, qui plus est, sur fond de faible niveau de culture générale et d’arrogance de ceux qui ont préparé, adopté et fait passer les décisions qui n’étaient profitables que pour eux-mêmes. La situation a commencé à évoluer d’une manière différente.

Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour trouver des exemples. Premièrement, sans aucune autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies, ils ont mené une opération militaire sanglante contre Belgrade, en utilisant des avions et des missiles en plein cœur de l’Europe. Plusieurs semaines de bombardements continus ont été effectués sur des villes et des infrastructures indispensables à la vie. Nous devons rappeler ces faits, car certains collègues occidentaux n’aiment pas se souvenir de ces événements, et lorsque nous en parlons, ils préfèrent pointer du doigt non pas les normes du droit international, mais des circonstances, qu’ils interprètent comme bon leur semble.

Puis vint le tour de l’Irak, de la Libye et de la Syrie. Le recours illégitime à la force militaire contre la Libye et la perversion de toutes les décisions du Conseil de sécurité des Nations unies sur la question libyenne ont conduit à la destruction totale de l’État [libyen], à la création d’un immense foyer de terrorisme international et à la plongée du pays dans un désastre humanitaire et dans l’abîme d’une longue guerre civile qui se poursuit encore. La tragédie qui a condamné des centaines de milliers, des millions de personnes non seulement en Libye, mais dans toute la région, a créé une migration massive de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient vers l’Europe.

Un sort similaire était réservé à la Syrie. L’action militaire de la coalition occidentale dans ce pays, sans le consentement du gouvernement syrien et sans l’autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies, n’est rien d’autre qu’une agression, une intervention.

Mais l’invasion de l’Irak occupe également une place de choix dans cette liste, bien entendu sans aucune base juridique. Le prétexte était que les États-Unis disposaient prétendument d’informations fiables sur la présence d’armes de destruction massive en Irak. Pour le prouver publiquement, devant le monde entier, le Secrétaire d’État américain a secoué un genre de tube contenant une poudre blanche, assurant à tout le monde qu’il s’agissait d’une arme chimique développée en Irak. Et puis il s’est avéré que c’était une manipulation, du bluff : il n’y avait pas d’armes chimiques en Irak. Incroyable, étonnant, mais les faits restent les faits. Des mensonges ont été proférés au plus haut niveau de l’État et du haut de la tribune de l’ONU. Le résultat a été d’énormes pertes humaines, des destructions et une incroyable poussée de terrorisme.

D’une manière générale, il semble que presque partout, dans de nombreuses régions du monde, là où l’Occident vient établir son ordre, il y laisse des blessures sanglantes, non cicatrisantes, les plaies du terrorisme international et de l’extrémisme. Tous les exemples ci-dessus sont les plus flagrants, mais loin d’être les seuls exemples de mépris du droit international.

Cela inclut la promesse faite à notre pays de ne pas étendre l’OTAN d’un pouce vers l’Est. Une fois encore, ils nous ont trompé ou, dans le langage populaire, tout simplement arnaqué. Oui, on entend souvent dire que la politique est un sale métier. Peut-être, mais pas aussi sale que cela, pas à ce point quand même. Après tout, un tel comportement de pipeur de dés est non seulement contraire aux principes des relations internationales, mais surtout aux normes de moralité et d’éthique généralement acceptées. Où sont la justice et la vérité ici ? Rien que des mensonges et de l’hypocrisie.

D’ailleurs, les politiciens, les analystes politiques et les journalistes américains eux-mêmes écrivent et disent que ces dernières années qu’un véritable « Empire du mensonge » a été créé aux des États-Unis. Il est difficile de ne pas être d’accord avec cela – c’est vrai. Mais, disons-le : les États-Unis restent quand même un grand pays, une puissance à la base d’un système. Tous ses satellites ne se contentent pas de l’approuver docilement, d’acquiescer, de reprendre en cœur [ses positions] à chaque occasion, mais aussi de copier son comportement et acceptent avec enthousiasme les règles qu’ils leur proposent. Avec raison, on peut dire avec certitude que l’ensemble du soi-disant bloc occidental, formé par les États-Unis à son image et à sa ressemblance, est ce même « Empire du mensonge ».

Quant à notre pays, après l’effondrement de l’URSS, malgré l’ouverture sans précédent de la nouvelle Russie moderne et sa volonté de travailler honnêtement avec les États-Unis et d’autres partenaires occidentaux, dans des conditions de désarmement réellement unilatéral, ils [l’Ouest] ont immédiatement essayé de nous enfoncer, de nous achever et de nous détruire pour de bon. C’est exactement ce qui s’est passé dans les années 90 et au début des années 2000, lorsque le soi-disant Occident collectif a soutenu activement le séparatisme et les bandes de mercenaires dans le sud de la Russie. Quels sacrifices et quelles pertes cela nous a coûté, quelles épreuves nous avons dû traverser avant de pouvoir enfin de définitivement briser les reins du terrorisme international dans le Caucase. Nous nous en souvenons et ne l’oublierons jamais.

En fait, jusqu’à récemment, les tentatives de nous utiliser dans leurs intérêts, de détruire nos valeurs traditionnelles et de nous imposer leurs pseudo-valeurs, qui nous rongeraient, nous, notre peuple, de l’intérieur n’ont pas cessé. Ces attitudes ils les imposent déjà agressivement dans leurs pays et elles mènent directement à la dégradation et à la dégénérescence, car elles sont contraires à la nature humaine elle-même. Cela n’arrivera pas [ici], cela n’a jamais marché pour personne. Cela ne marchera pas non plus maintenant.

En dépit de tout cela, en décembre 2021, nous avons tenté une nouvelle fois de parvenir à un accord avec les États-Unis et leurs alliés sur les principes de la sécurité en Europe et au non-élargissement de l’OTAN. Tout a été en vain. La position des États-Unis n’a pas changé. Ils ne considèrent pas qu’il est nécessaire de parvenir à un accord avec la Russie sur cette question essentielle pour nous, ils poursuivent leurs propres objectifs et ne tiennent aucun compte de nos intérêts.

Et bien sûr, dans cette situation, nous nous posons la question : que faire ensuite, à quoi s’attendre ? L’histoire nous apprend qu’en 1940 et au début de 1941, l’Union soviétique a tenté d’empêcher ou, du moins, de retarder le déclenchement de la guerre. Pour ce faire, il faut notamment essayer littéralement jusqu’à la dernière minute de ne pas provoquer un agresseur potentiel, ne pas prendre voir de reporter les mesures les plus nécessaires et les plus évidentes pour se préparer à repousser une attaque inévitable. Et les mesures qui ont finalement été prises étaient désastreusement tardives.

En conséquence, le pays n’était pas préparé à faire face à l’invasion de l’Allemagne nazie, qui a attaqué notre Patrie sans déclaration de guerre le 22 juin 1941. L’ennemi a été arrêté puis écrasé, mais à un coût colossal. La tentative de plaire à l’agresseur à la veille de la Grande Guerre patriotique a été une erreur qui a coûté cher à notre peuple. Au cours des premiers mois de combat, nous avons perdu de vastes territoires stratégiquement importants et des millions de personnes. Nous ne ferons pas une telle erreur une deuxième fois, nous n’en avons pas le droit.

Ceux qui aspirent à la domination du monde déclarent publiquement, en toute impunité et, je le souligne, sans aucune justification, que nous, la Russie, sommes leur ennemi. En effet, ils disposent aujourd’hui d’importantes capacités financières, scientifiques, technologiques et militaires. Nous en sommes conscients et évaluons objectivement les menaces qui sonnent constamment à notre adresse dans le domaine de l’économie, ainsi que notre capacité à résister à ce chantage impudent et permanent. Je le répète, nous les évaluons sans illusions et de manière extrêmement réaliste.

Dans le domaine militaire, la Russie moderne, même après l’effondrement de l’URSS et la perte d’une grande partie de son potentiel, est aujourd’hui l’une des puissances nucléaires les plus importantes du monde et dispose en outre d’avantages certains dans un certain nombre d’armements de pointe. À cet égard, personne ne doit douter qu’une attaque directe contre notre pays entraînerait une défaite et des conséquences désastreuses pour tout agresseur potentiel.

Cependant, la technologie, y compris celle de la défense, évolue rapidement. Le leadership dans ce domaine a changé et changera de mains [souvent]. Mais l’aménagement militaire des territoires adjacents à nos frontières, si nous le permettons, se poursuivra durant des décennies, peut-être même pour toujours, et constituera une menace toujours plus grande et totalement inacceptable pour la Russie.

Aujourd’hui déjà, alors que l’OTAN s’étend vers l’Est, la situation de notre pays empire et devient chaque année plus dangereuse. De plus, ces derniers jours, les dirigeants de l’OTAN ont explicitement parlé de la nécessité d’accélérer, de forcer l’infrastructure de l’alliance jusqu’aux frontières de la Russie. En d’autres termes, ils renforcent leur position. Nous ne pouvons plus nous contenter de regarder ce qui se passe. Ce serait complètement irresponsable de notre part.

La poursuite de l’expansion de l’infrastructure de l’Alliance de l’Atlantique Nord et l’aménagement militaire du territoire de l’Ukraine sont inacceptables pour nous. Le problème, bien sûr, n’est pas l’organisation de l’OTAN elle-même – elle n’est qu’un instrument de la politique étrangère américaine. Le problème, c’est que sur les territoires qui nous sont adjacents – je tiens à le préciser, nos territoires historiques – se crée une « anti-Russie » ennemie, placée sous un contrôle extérieur total, qui est intensivement colonisée par les forces armées des pays de l’OTAN et qui est gavée des armes les plus modernes.

Pour les États-Unis et leurs alliés, il s’agit d’une politique dite d’endiguement de la Russie, d’un dividende géopolitique évident. Pour notre pays, c’est en fin de compte une question de vie ou de mort, la question de notre avenir historique en tant que Nation. Et ce n’est pas une exagération – c’est tout simplement comme ça. Il s’agit d’une menace réelle, non seulement pour nos intérêts, mais aussi pour l’existence même de notre État, pour sa souveraineté. C’est la ligne rouge qui a été évoquée à plusieurs reprises. Ils l’ont franchi.

Dans ce contexte, [revenons sur] la situation à Donbass. Nous constatons que les forces qui ont réalisé un coup d’État en Ukraine en 2014, se sont emparées du pouvoir et l’ont conservé au moyen de procédures électorales essentiellement décoratives, ont définitivement refusé de résoudre le conflit de manière pacifique. Pendant huit ans, huit infiniment longues années, nous avons tout fait pour que la situation soit résolue par des moyens pacifiques et politiques. En vain.

Comme je l’ai dit dans mon allocution précédente, il est impossible de regarder ce qui se passe là-bas sans compassion. Il n’était tout simplement plus possible de le tolérer. Il faut arrêter immédiatement ce cauchemar – le génocide contre les millions de personnes vivant là-bas. Ceux-ci n’espèrent plus que [dans l’aide de] la Russie, ils n’espèrent plus qu’en vous et moi. Ce sont ces aspirations, ces sentiments et cette douleur des gens qui nous ont poussés à prendre la décision de reconnaître les Républiques populaires de Donbass.

Ce qu’il me semble important de souligner. Les principaux pays de l’OTAN, afin d’atteindre leurs propres objectifs, soutiennent en Ukraine les ultra-nationalistes et les néonazis, qui, à leur tour, ne pardonneront jamais aux habitants de Crimée et de Sébastopol leur libre choix de se réunifier à la Russie.

Ils [les ultra-nationalistes et les néonazis] tenterons, bien évidemment, de s’infiltrer en Crimée, comme ils l’ont fait dans le Donbass, pour y faire la guerre et tuer des gens sans défense. Tout cela comme l’on fait bandes punitives des nationalistes ukrainiens, les supplétifs d’Hitler pendant la Grande Guerre patriotique. Ils déclarent aussi ouvertement qu’ils revendiquent un certain nombre d’autres territoires de la Russie.

L’ensemble du déroulement des événements et l’analyse des informations qui nous parviennent montrent que l’affrontement entre la Russie et ces forces est inévitable. Ce n’est qu’une question de temps : ils se préparent et attendent le moment opportun. Maintenant, ils revendiquent également la possession d’armes nucléaires. Nous ne permettrons pas que cela se produise.

Comme je l’ai dit précédemment, la Russie a accepté les nouvelles réalités géopolitiques après l’effondrement de l’URSS. Nous respectons et continuerons à respecter tous les pays nouvellement formés dans l’espace post-soviétique. Nous respectons et continuerons à respecter leur souveraineté, et un exemple de cela est l’aide que nous avons apportée au Kazakhstan, qui a été confronté à des événements tragiques et à des défis pour son statut d’État et son intégrité. Mais la Russie ne peut se sentir en sécurité, ne peut se développer, ne peut exister avec une menace constante émanant du territoire de l’actuelle Ukraine.

Permettez-moi de vous rappeler qu’en 2000-2005, nous avons riposté militairement aux terroristes dans le Caucase, défendu l’intégrité de notre État et préservé la Russie. En 2014, nous avons soutenu la population de Crimée et de Sébastopol. En 2015, nous avons utilisé nos forces armées pour mettre une barrière fiable aux infiltrations de terroristes depuis la Syrie vers la Russie. Il n’y avait pas d’autre moyen pour nous de nous défendre.

La même chose se produit maintenant. Vous et moi n’avons simplement pas eu d’autre possibilité de défendre la Russie, notre peuple, que celle que nous serons forcés d’utiliser aujourd’hui. Les circonstances nous obligent à agir de manière décisive et immédiate. Les Républiques populaires de Donbass ont demandé l’aide de la Russie.

À cet égard, conformément à l’article 51 de la partie 7 de la Charte des Nations unies, avec l’autorisation du Conseil de la Fédération de Russie et conformément aux traités d’amitié et d’assistance mutuelle avec les Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk ratifiés par l’Assemblée fédérale le 22 février de cette année, j’ai pris la décision de mener une opération militaire spéciale.

Son but est de protéger les personnes qui ont été soumises à des abus, à un génocide par le régime de Kiev pendant huit ans. Et à cette fin, nous chercherons à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine, à traduire en justice ceux qui ont commis de nombreux crimes sanglants contre des civils, y compris des citoyens de la Fédération de Russie.

Dans le même temps, nos plans n’incluent pas l’occupation de territoires ukrainiens. Nous n’avons pas l’intention d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit par la force. Dans le même temps, nous entendons de plus en plus souvent ces derniers temps à l’Ouest que les documents signés par le régime totalitaire soviétique, qui consacrent les résultats de la Seconde Guerre mondiale, ne devraient plus être appliqués. Quelle pourrait être la réponse à cette question ?

L’issue de la Seconde Guerre mondiale est sacrée, tout comme les sacrifices consentis par notre peuple sur l’autel de la victoire sur le nazisme. Mais cela ne contredit pas les hautes valeurs des droits de l’homme et des libertés, fondées sur les réalités des décennies d’après-guerre. Elle n’annule pas non plus le droit des nations à l’autodétermination consacré par l’article premier de la Charte des Nations unies.

Permettez-moi de vous rappeler que ni lors de la fondation de l’URSS ni après la Seconde Guerre mondiale, personne n’a jamais demandé aux habitants des territoires qui constituent l’actuelle Ukraine la manière dont ils voulaient organiser leur vie. Notre politique est fondée sur la liberté, la liberté de choix pour chacun de déterminer son propre avenir et celui de ses enfants. Et nous pensons qu’il est important que tous les peuples vivant sur le territoire de l’Ukraine actuelle, tous ceux qui le souhaitent, puissent exercer ce droit – le droit de choisir.

À cet égard, je lance également un appel aux citoyens de l’Ukraine. En 2014, la Russie avait l’obligation de protéger les habitants de Crimée et de Sébastopol contre ceux que vous appelez vous-même des « nazillons ». Les habitants de Crimée et de Sébastopol ont fait le choix d’être avec leur Patrie historique, avec la Russie, et nous l’avons soutenu. Encore une fois, nous ne pouvions tout simplement pas faire autrement.

Les événements d’aujourd’hui ne visent pas à porter atteinte aux intérêts de l’Ukraine et du peuple ukrainien. Il s’agit de protéger la Russie elle-même contre ceux qui ont pris l’Ukraine en otage et tentent de l’utiliser contre notre pays et son peuple.

Encore une fois, nos actions relèvent de l’autodéfense contre les menaces que l’on fait peser sur nous et contre une calamité encore plus grande que celle qui se produit aujourd’hui. Aussi difficile que cela soit, je vous demande de le comprendre et j’appelle à la coopération pour que nous puissions tourner cette page tragique le plus tôt possible et avancer ensemble, sans permettre à quiconque de s’immiscer dans nos affaires, dans nos relations, mais en les construisant de manière indépendante, afin de créer les conditions nécessaires pour surmonter tous les problèmes et, malgré les frontières étatiques, nous renforcer de l’intérieur en tant qu’entité unie. Je crois en cela – c’est notre avenir.

Je dois également m’adresser aux militaires des forces armées de l’Ukraine.

Chers camarades ! Vos pères, grands-pères, arrière-grands-pères ont à leur époque combattu les nazis, en défendant notre Patrie commune, ce n’est pas pour qu’aujourd’hui les néonazis prennent le pouvoir en Ukraine. Vous avez prêté serment au peuple ukrainien, et non à la junte antipopulaire, qui vole l’Ukraine et maltraite ce même peuple.

N’exécutez pas les ordres criminels [de cette junte]. Je vous appelle à déposer les armes immédiatement et à rentrer chez vous. Soyons clairs : tous les membres de l’armée ukrainienne qui se plieront à cette exigence pourront quitter la zone de guerre sans entrave et retourner auprès de leurs familles.

Permettez-moi d’insister une fois de plus : toute la responsabilité d’une éventuelle effusion de sang reposera entièrement sur la conscience du régime au pouvoir sur le territoire de l’Ukraine.

Maintenant, quelques mots importants, très importants pour ceux qui pourraient être tentés de l’extérieur d’interférer dans les événements qui se déroulent. Quiconque tente d’interférer avec nous, et encore moins de mettre en danger notre pays et notre peuple, doit savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et vous conduira à des conséquences auxquelles vous n’avez jamais été confrontés dans votre histoire. Nous sommes prêts à faire face à tout développement d’événements. Toutes les décisions nécessaires ont été prises à cet égard. J’espère que je serai entendu.

Chers citoyens de Russie !

Le bien-être, l’existence même d’États et de peuples entiers, leur succès et leur viabilité trouvent toujours leur origine dans le puissant système de racines de leurs cultures et de leurs valeurs, dans l’expérience et les traditions de leurs ancêtres, et ils dépendent bien sûr de leur capacité à s’adapter rapidement à une vie en constante évolution, de la cohésion de la société, de sa volonté de se consolider, de rassembler toutes les forces pour aller de l’avant.

On a toujours besoin de forces – toujours – mais les forces peuvent être de différentes qualités. La politique de « l’Empire du mensonge » à laquelle j’ai fait référence au début de mon discours est basée avant tout sur la force brute et directe. Dans de tels cas, nous disons : « Vous avez la force, vous n’avez pas besoin d’intelligence ».

Mais vous et moi savons que la vraie force réside dans la justice et la vérité, qui sont de notre côté. Et si cela est vrai, alors il est difficile de ne pas convenir que la force et la volonté de combattre sont le fondement de l’indépendance et de la souveraineté, le fondement nécessaire sur lequel seul on peut construire son avenir, son foyer, sa famille, sa Patrie.

Chers compatriotes !

Je suis sûr que les soldats et les officiers des forces armées russes qui sont loyaux envers leur pays rempliront leur devoir avec professionnalisme et courage. Je ne doute pas que tous les niveaux de pouvoir et les spécialistes responsables de la stabilité de notre économie, du système financier et de la sphère sociale, ainsi que les dirigeants de nos entreprises et de l’ensemble du monde des affaires russe travailleront de manière harmonieuse et efficace. Je compte sur la position consolidée et patriotique de tous les partis parlementaires et des forces publiques.

Après tout, comme cela a toujours été le cas dans l’histoire, le destin de la Russie est entre les bonnes mains de notre peuple multiethnique. Cela signifie que les décisions que nous avons prises seront mises en œuvre, que nos objectifs seront atteints et que la sécurité de notre patrie sera garantie de manière fiable.

J’ai confiance en votre soutien et en la force invincible que nous donne l’amour de notre Patrie.

Traduit par Gaël-Georges Moullec

II
FRANÇOIS HOLLANDE, LE 8 AVRIL 2008

François Hollande est la tribune de l’Assemblée Nationale affirmant le refus de la réintégration de la France dans l’OTAN

Pourquoi mettre fin aujourd’hui à un choix stratégique décidé en 1966 par le Général De Gaulle et maintenu par tous les Présidents de la République ?
Quel contexte international oblige à une telle précipitation à rompre un consensus intérieur et une spécificité internationale ? Quels motifs justifient une telle confiance dans l’évolution de l’OTAN, dans la politique américaine, alors que le Président Bush est en fin de mandat et que nul ne sait quelle sera la ligne de conduite de son successeur ?

On nous dit que ce serait en échange de l’acceptation d’un pilier européen au sein de l’OTAN, sans qu’aucune preuve ne nous soit apportée, sauf quelques mots dans un communiqué.

Cette décision est à la fois fâcheuse et inopportune.

Elle est d’abord fâcheuse pour les intérêts de la France dont le statut d’allié singulier des Etats-Unis est un marqueur de sa politique internationale.

Votre Ministre de la Défense évoque, pour minimiser le retour, une décision de pur « symbole », au prétexte que la France est présente aujourd’hui dans l’ensemble des commandements sauf deux et en est le 3 ème contributeur financier. C’est oublier qu’il y a des symboles qui fondent une politique et lui donnent son autorité. Et qu’il s’agit moins de participer à un comité de plus que de préserver la spécificité de la France sur la scène internationale. Pas seulement de la France, mais aussi de l’Europe.
Car, si notre pays renonçait ainsi à son autonomie de jugement au sein de l’Alliance, c’est l’ensemble de l’Europe qui se trouvera en situation d’alignement sur les Etats-Unis.

C’est en ce sens que l’argument sur la contrepartie offerte en termes de reconnaissance de l’Europe de la Défense au sein de l’OTAN ne tient pas. C’est un jeu de dupes. Les Etats-Unis ne peuvent donner aucune garantie tout simplement parce que cette construction ne leur appartient pas. La politique européenne de sécurité et de défense dépend d’abord de la capacité des européens eux-mêmes et les pays qui la bloquent aujourd’hui sont justement ceux qui veulent qu’elle s’aligne sur les Etats-Unis. Ce sera désormais chose faite dans l’OTAN. En d’autres termes, il y aura bien une défense de l’Europe, mais pas une Europe autonome de la défense.

Ce retour vers l’OTAN est non seulement contraire à nos intérêts et il est aussi contradictoire avec la stabilité du monde. Car, la décision du Président de la République intervient au moment où l’OTAN change d’identité. C’est en ce sens qu’elle est inopportune.
L’Alliance connaît, sous l’influence américaine, un double élargissement :

Géographique d’abord, puisqu’elle s’étend jusqu’aux confins de la Russie, sans exclure d’aller au-delà de l’Europe et qu’elle conduit des opérations hors de sa zone naturelle -comme c’est le cas en Afghanistan.

Politique ensuite, car l’OTAN est dans une fuite en avant dans les missions qui l’éloignent de ce qu’elle est -une alliance militaire- pour devenir l’organisation politique de l’occident. « Une ligue des démocraties » selon la formule de Mac Cain, dépositaire des valeurs du bien et poursuivant le mal dans une nouvelle illustration de la guerre des civilisations.

L’OTAN devient le bras armé d’un bloc occidental dont la mission principale est de défendre partout ses valeurs. Une sorte de substitut à l’ONU permettant aux Etats-Unis de ne pas agir seuls.

Cette dérive avait été, jusque-là, rejetée par la France hostile à l’idée d’un gendarme d’un monde occidental bien-pensant. Elle est aujourd’hui acceptée par le Chef de l’Etat lorsqu’il lie, dans son discours de Washington, l’avenir de nos valeurs à celui de l’Alliance.

Or, la France est bien plus qu’un pays occidental. C’est un pays européen et un pays original. Et si notre pays reste l’ami et l’allié des Etats-Unis, ami ne veut pas dire soumis ; et allié ne veut pas dire aligné.

Aucune question n’est taboue sur l’OTAN comme sur l’engagement de nos forces . Dans un monde qui change, qui fait face à des menaces nouvelles, il faut savoir bouger, évoluer, être mobile. Mais un système d’alliances n’a de sens que par rapport au message politique qu’il porte, au rôle qu’il joue, au pouvoir qu’il institue.

Or, le Président vient de prendre, au nom de la France, deux décisions majeures sans avoir mis au clair sa stratégie et défini ses moyens correspondants. Et le risque, c’est que nous perdions sur tous les tableaux. La France en sortira minorée, l’Europe empêchée, l’Alliance Atlantique empêtrée.

Voilà pourquoi le Parlement devait être saisi de ces choix . Pour les approuver ou pour les rejeter. En tout cas, pour alerter les Français.
Nous allons perdre en indépendance ce que nous ne gagnerons pas en sécurité. Nous allons être entraînés sur des terrains et des opérations où nous ne voulons pas aller. Nous allons donner un autre cours à la construction européenne qui ne sera qu’un pilier du monde occidental au lieu de constituer une capacité autonome de décision.

III
JENS STOLTENBERG

Voici le point de presse commun par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, avec le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelenskyy, le 16 décembre 2021

Nous venons de lancer le processus d’élaboration et d’approbation du nouveau concept stratégique. Et il est trop tôt pour anticiper les conclusions. Mais je crois que dans le nouveau concept stratégique, nous exprimerons un soutien très fort à l’idée que l’OTAN travaille en étroite collaboration avec des partenaires, y compris avec l’Ukraine. Et je m’attends également à ce que les Alliés réaffirment clairement leur attachement au principe du droit de chaque nation souveraine de choisir sa propre voie. Que l’Ukraine a le droit de choisir sa propre voie, y compris le type d’arrangements de sécurité dont elle veut faire partie.

Et aussi que pour l’OTAN, c’est une grande valeur de travailler avec un partenaire comme l’Ukraine. Nous pensons que nous sommes tous plus en sécurité lorsque vous travaillez plus étroitement ensemble. Et c’est important pour l’OTAN. C’est important pour l’Ukraine. Et ensemble, nous travaillons pour améliorer, ou pour travailler plus étroitement ensemble sur la façon de résoudre les conflits et les différences par des moyens pacifiques, et non par l’usage de la force. Je m’attends donc à ce que le prochain concept stratégique soit très clair sur la nécessité de travailler en étroite collaboration avec un partenaire comme l’Ukraine.

L’OTAN a une politique de la porte ouverte. Cela est inscrit dans le traité de financement de l’OTAN, l’article 10 du traité de Washington stipulant clairement que l’OTAN peut inviter d’autres pays européens à rejoindre l’Alliance. Et j’étais en fait présent au sommet de l’OTAN à Bucarest en 2008, lorsque tous les Alliés ont convenu que l’Ukraine deviendrait membre de l’OTAN. Et nous maintenons cette décision et les décisions prises après le sommet de Bucarest sur la question de la possibilité pour l’Ukraine de devenir membre de l’OTAN.
Le message adressé aujourd’hui à la Russie est qu’il appartient à l’Ukraine, en tant que nation souveraine, de décider de sa propre voie. Et pour les 30 alliés de l’OTAN de décider quand l’Ukraine est prête à devenir membre.

Ce qui est important maintenant, c’est que nous nous concentrions sur les réformes pour que l’Ukraine réponde aux normes de l’OTAN. Et je salue l’engagement ferme du président Zelensky en faveur des réformes. Et je sais aussi que, par exemple, lorsque les forces ukrainiennes et les forces de l’OTAN ont opéré ensemble en Afghanistan, en Irak ou ailleurs, – c’est important dans nos efforts de lutte contre le terrorisme international -, mais c’est aussi un moyen d’accroître et de renforcer l’interopérabilité de l’OTAN et de l’Ukraine les forces.

Permettez-moi également de souligner que l’OTAN a prouvé ces dernières années que notre « politique de la porte ouverte » n’est pas seulement quelque chose que nous soutenons en paroles, mais aussi en actes, notamment en invitant deux nouveaux pays, le Monténégro et la Macédoine du Nord, à devenir membres. Nous avons donc élargi l’Alliance ces dernières années avec deux nouveaux membres. Malgré les protestations de la Russie. Et nous soutenons également les efforts de l’Ukraine pour se rapprocher de l’adhésion à l’OTAN. Nous contribuons aux réformes, à la lutte contre la corruption, au renforcement des capacités, à la modernisation des institutions ukrainiennes de sécurité et de défense. Et l’OTAN et les alliés de l’OTAN fournissent également une formation, des conseils. Nous organisons des exercices conjoints et les Alliés de l’OTAN fournissent également du matériel. Nous soutenons donc l’Ukraine. Nous renforçons la défense et les forces armées de l’Ukraine. Il s’agit d’une coopération pratique et d’un soutien pratique fournis par les Alliés de l’OTAN et l’OTAN à l’Ukraine. Nous sommes donc solidaires de l’Ukraine. Nous continuons à soutenir leurs efforts pour devenir membre de l’OTAN.

Nous envoyons également un message très clair indiquant que nous pouvons, nous sommes prêts à parler à la Russie. En fait, nous croyons au dialogue. Nous pensons que le dialogue est important, surtout lorsque les temps sont difficiles comme ils le sont actuellement. Et notre invitation à Moscou pour se réunir au sein du Conseil OTAN-Russie est maintenue, et nous sommes prêts à nous asseoir.

Mais nous ne transigerons jamais sur le droit de chaque nation souveraine, comme l’Ukraine, de choisir sa propre voie et sur le principe selon lequel c’est à l’Ukraine et aux 30 Alliés de décider quand l’Ukraine est prête à rejoindre l’Alliance.

Je vois un grand potentiel de coopération et de partenariat entre l’Ukraine et l’OTAN.

Et depuis deux ans, nous sommes montés en puissance et nous nous sommes mis d’accord pour travailler plus étroitement ensemble. Je pense que c’est bon pour l’Ukraine et bon pour l’OTAN. Et nous sommes également reconnaissants de la manière dont l’Ukraine a contribué aux différentes missions et opérations de l’OTAN.

L’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) a contribué à faciliter l’acquisition de différents types d’équipements pour l’Ukraine. Par exemple, les systèmes anti-drones, les vêtements d’hiver et de nombreux autres types d’équipements, ce qui est important pour les forces armées ukrainiennes. Et puis, en plus de cela, bien sûr, les Alliés de l’OTAN fournissent également différents types d’équipements dans un cadre bilatéral ou par le biais d’accords bilatéraux. Je salue le soutien que les Alliés de l’OTAN et l’OTAN apportent à la fois en matière de formation, d’exercice, de conseil, mais aussi le fait que les Alliés de l’OTAN ont fourni différents types d’équipements. Parfois, cela passe par l’Agence de l’OTAN. Et parfois, ce sont des équipements qui sont fournis bilatéralement. Je pense que la chose la plus importante est que l’Ukraine obtienne cet équipement, équipement qui est important pour renforcer la force et les capacités des forces armées ukrainiennes. Nous les aidons également, par exemple, en matière de commandement et de contrôle, de cyberdéfense et de nombreux autres types de soutien aux forces armées ukrainiennes.

Nous ne transigerons donc pas sur le droit de l’Ukraine de choisir sa propre voie. Nous ne transigerons pas sur le droit de l’OTAN de protéger et de défendre tous les Alliés de l’OTAN. Et nous ne transigerons pas sur le fait que l’OTAN a un partenariat avec l’Ukraine, ce qui est important pour nous et pour l’Ukraine. Et l’Ukraine en tant que nation souveraine et l’OTAN en tant qu’Alliance de 30 démocraties ont bien sûr le droit de travailler en étroite collaboration avec un partenaire plus proche que l’Ukraine.

Et notre coopération avec l’Ukraine est défensive. Ce n’est en aucun cas une menace pour la Russie.

L’agresseur ici, c’est la Russie. C’est la Russie qui a utilisé la force militaire contre l’Ukraine. L’annexion illégale d’une partie de l’Ukraine, la Crimée, remonte à 2014 et continue de déstabiliser l’est de l’Ukraine. Et maintenant, nous assistons à un renforcement important et important de l’armée à l’intérieur et autour de l’Ukraine avec des troupes prêtes au combat, avec des unités blindées, avec des chars de combat, avec beaucoup d’équipements de pointe qui sont en fait absolument injustifiés et compromettent la sécurité de l’Ukraine, mais aussi le sécurité de l’Europe.

C’est donc à la Russie de changer de comportement. C’est à la Russie de changer de cap. Et ce qui est troublant, c’est qu’il s’agit d’un schéma que nous avons observé depuis de nombreuses années, avec la Russie envahissant ses voisins, la Géorgie, l’Ukraine. La Russie viole un accord clé sur le contrôle des armements, comme par exemple le traité INF interdisant toutes les armes à portée intermédiaire, et la Russie déploie également de nouveaux missiles à capacité nucléaire en Europe. C’est donc ce modèle de comportement qui, bien sûr, est très préoccupant.

IV
33 ONG CONTRE LE RACISME ANTI-NOIR

Nous, organisations de la société civile exprimons notre grave préoccupation  face aux actes de traitement discriminatoire et inhumains que les ressortissants  africains vivant ou résidant en Ukraine subissent suite à la guerre déclenchée  depuis le 24 février.

En effet, il convient de relever que plusieurs citoyens d’origine africaine sont confrontés à la persécution, à la xénophobie, au racisme, à la discrimination raciale de la part des autorités ukrainiennes.

Selon les informations parvenues à nos organisations ainsi que des témoignages recueillis auprès de victimes, la police ukrainienne empêcherait l’évacuation des ressortissants d’origine africaine. A cela s’ajoutent les actes xénophobes orchestrés par les autorités polonaises qui procèdent de manière sélective à l’autorisation d’entrée des personnes fuyant la guerre sur des critères liés à leur  couleur de peau. C’est ainsi que plusieurs citoyens africains sont retenus à la  frontière Ukraine-polonaise.

A cet effet, nos organisations rappellent l’Article1 de la Déclaration Universelle  des Droits de l’Homme qui stipule : « tous les êtres humains naissent libres et  égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent  agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité »

Nous tenons également à souligner l’Article 14.1 de la DUDH « devant la  persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile  en d’autres pays.»

Nos organisations saluent la prompte réaction du Président en exercice de  l’Union Africaine (Macky Sall) ainsi que le Président de la Commission de  l’Union Africaine (Moussa Faki Mahamat) appelant au respect du droit  international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

Devant les risques d’aggravation de cette guerre et ses conséquences  dévastatrices pour les populations civiles et plus largement en Afrique. Nous

Dénonçons ces pratiques hideuses, xénophobes et discriminatoires relevant d’un autre âge ;

Condamnons fermement ces atteintes contraires aux droits humains et  aux principes du droit international des droits de l’homme et du droit  international humanitaire.

Devant cette montée fulgurante de la haine raciale dans le monde il est urgent  que tous les pays respectent et mettent en application la Convention  internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ainsi que le programme et plan d’action de la Conférence Mondiale contre le  racisme, la discrimination raciale, la xénophobie qui y est associée. (Durban en Afrique du Sud, du 31 août au 8 septembre 2001).

Nous demandons impérativement à l’Union Africaine, l’Union Européenne et  aux Nations Unies de se saisir immédiatement de cette situation afin de  garantir et assurer une protection adéquate à ces personnes en détresse.

Fait à Genève le 02 Mars 2022

Signataires :

  1. Africa Centre for Democracy and Human Rights Studies (ACDHS)
  2. Afrika Jom Center
  3. Association Panafrica
  4. Comité pour les 50 Ans de l’Union Africaine
  5. Africa Cominter
  6. Bangwe et Dialogue/ONG
  7. Centre du Commerce International pour le Développement (CECIDE) 8. Centre International de Lutte Contre le Terrorisme (CILT)
  8. Conseil Mondial de la Diaspora Panafricaine (CMDP)
  9. Coordination des Associations de la Société Civile pour la Défense des Droits de  l’homme (CASCIDHO)
  10. Coopera Sweden Association
  11. Forum de la Radiotélévision des Droits de l’Homme (FRTDH)
  12. Espace Afrique International
  13. Forum de Dialogue Interreligieux et Interculturel (FICIR)
  14. Guinée Développement (GUIDE)
  15. Health and Environment Program (HEP)
  16. Himalyan Research and Cultural Foundation
  17. Interfaith International
  18. Mouvement International Pour les Réparations (MIR)
  19. Nord Sud XXI
  20. Organisation de l’Unité Syndicale Africaine (OUSA)
  21. Omar El Mokhtar Institute for Human Rights,
  22. Organisation pour la Communication en Afrique et de Promotion de la Coopération  Internationale (OCAPROCE)
  23. Pan-African Forum on Rights and Development
  24. Rencontre Africaine Pour le Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) 26. Réseau de Formation, de Recherche et d’Action sur les Migrations Africaines  (REFORMAF)
  25. Réseau de la Commission Indépendante des Droits de l’homme pour l’Afrique du  Nord
  26. Rwanda Woman Network
  27. Sudan Documentation Centre
  28. Switzerland Tamil Action Group (STAG) 31. Tamil Centre For Human Rights (TCHR) 32. Université Populaire Africaine (UPAF)
  29. Union Inter-Africaine des Droits de l’Homme (UIDH)