La récente loi anti fake news a été rédigée par des experts de fake news : l’Elysée. Du travail de professionnel… et une fois de plus, c’est l’affaire Benalla.

La loi anti fake news, c’est-à-dire la loi n° 2018-1202 du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information, a été présentée comme une avancée majeure, un rempart pour les libertés et la démocratie, face à tous les vilains qui manipulent l’information et osent tromper notre brave opinion publique. En réalité, cette loi ne change rien, ou si peu.

D’abord, un dispositif existe déjà avec l’article 27 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse  qui sanctionne la publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit de nouvelles fausses, lorsque la paix publique est troublée ou susceptible de l’être. Donc, une loi nouvelle en 2018 pour redire ce qui existe déjà depuis 1881 : pas mal…

Pour ce qui est du volet nouveau, c’est-à-dire les petits bidouillages sur Internet, la loi ne sera applicable que dans des circonstances extraordinaires.

D’abord, il faut déterminer ce qu’est une information fausse. Où commence le faux ? Lorsqu’on retouche une photo ou qu’on coupe une phrase clé dans une interview, n’est-ce pas déjà un faux ? Lorsqu’on ne diffuse qu’une partie de l’information, n’est-ce pas un faux ? Il y a altération de la vérité… Et en quoi le juge a-t-il compétence ? Est-ce à un tribunal de classifier les informations et de dire le vrai et le faux?

Ensuite, quand vous voudrez organiser une campagne de désinformation, il suffira de trouver un site émetteur à l’étranger. La loi française ne s’appliquera pas, et bon courage pour envoyer les enquêteurs…

Donc cette loi ne nous passionne moyennement, mais ça devient une vraie rigolade avec l’information publiée par Le Monde, ce 29 mars.

L’affaire remonte au 19 juillet, c’est-à-dire dans la tempête médiatique lorsqu’éclate l’affaire Benalla, avec la diffusion de la vidéo du 1er mai où l’on découvre le conseiller Benalla cumulant un abus de fonctions et des violences sur les étudiants, place Contrescarpe.

L’affaire est grave, et Ismaël Emilien, conseiller spécial du Président et chouchou en chef, est chargé d’organiser la riposte médiatique dans la nuit du 18 au 19 juillet, en recourant à cette magnifique fake news. L’idée est de créer un contre-feu en accusant à tort le couple d’étudiants d’avoir agressé des policiers, ce pour justifier la réaction de Benalla. De la pure invention, signée « L’Élysée ».

Benalla a illégalement obtenu de Préfecture de police de Paris la vidéo de l’agression qu’il a commise, et il la remet à Ismaël Emilien, ce qui est tout aussi illégal. Celui-ci manœuvre pour trouver une vidéo montrant deux personnes poursuivant des policiers une chaise à la main, et avec ses petits copains de la cellule de communication de l’Élysée, ils font le montage vidéo, comme s’il s’agissait d’une seule séquence : donc, Benalla n’avait pas raison, mais il n’a fait que répondre à son cœur en allant protéger les policiers agressés. Un pur bidonnage, qui est diffusé via a un compte anonyme sur Tweeter, géré en douce par le mec d’En Marche chargé du «pôle e-influence».

Quelle bande de guignols, pour commettre de telles magouilles depuis L’Elysée, et de faire choper comme des gamins…

Les faits datent d’avant la loi du 22 décembre 2018, mais l’usage ces vidéos qui appartenaient à la Préfecture de Police de Paris relève de poursuites pénales. On attend la suite.