Ce dimanche matin, dans l’excellent Le Parisien, je lis : « Et l’Elysée se transforma en coffre-fort… Le fer à souder le plus puissant n’était pas en mesure de percer l’épais secret qui planait à l’aube des annonces présidentielles sur la sortie de crise. Un confinement militaire revendiqué, destiné à ménager la surprise pour créer, dit-on au sommet de l’Etat, « un effet de souffle ».

Là, c’est grave, très grave. Comment ignorer à ce point la réalité de ce qu’est la France et la société française, et rejeter ce qu’est la démocratie ?

La France s’est 35 000 communes, des centaines de milliers d’associations, 365 fromages. La France, c’est 67 millions de personnes, et où que vous alliez, vous trouvez des gens compétents et impliqués, et en creusant trois fois rien, vous trouvez les meilleurs réseaux de solidarité. Partout on se parle, on construit, on s’entraide, et les personnes s’organisent pour construire individuellement et collectivement leur avenir.

Au cœur de ce jeu, le mécanisme sacré de la démocratie représentative : le peuple, trop nombreux, ne décide pas lui-même, mais par ses représentants élus par des élections nationales. La représentation nationale est assurée par nos parlementaires, c’est-à-dire 577 députés et 348 sénateurs. La nation… Et ajoutez – ils sont essentiels – les syndicats, ces forces coopératives fondées sur la revendication collective, inscrits comme personne dans le pays, à qui nous devons tant de grandes avancées sociales.

Avec le Macron Store, tout ceci disparaît.

Alors que la phase électorale présidentielle législative était à peine finie, il a suffi de deux journées de violences sur les Champs-Élysées pour tout reprendre à zéro. Première catastrophe : le pouvoir démocratique recule devant la violence. A suivi la deuxième catastrophe du « grand débat », cette mise en scène pitoyable, remplaçant les mécanismes démocratiques de l’Assemblée nationale et du Sénat par de pseudos réunions aussi creuses que bien filmées. La démocratie c’est le respect du vote, et non pas cette enflure de débat. Puis vient la troisième catastrophe, avec cette secte de quatre personnes en conclave à l’Élysée, qui sans aucune participation des organes de la République, sans aucune coopération syndicale, va décider par un message délivré à 20 heures sur TF1 ce qui sera bon pour le pays.

Bien sûr, je m’intéresserai aux mesures annoncées, mais l’essentiel est ailleurs : c’est la destruction du processus démocratique. Pourquoi voter, pourquoi s’intéresser au parlementarisme, quand tout est décidé à huis clos par quatre bien instruits du huitième arrondissement ?

Ce mec me fait carrément flipper.